Amber Gold i piramidy finansowe część Iczęść II

La proposition qui peut détruire la France

Marcin Skubiszewski, le 3 mai 2012

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François Hollande veut qu'à partir des élections suivantes (en 2017) l'Assemblée Nationale soit élue à la proportionnelle. On parle relativement peu de cette proposition, qui est pourtant la plus importante et également la plus dangeureuse de tout le programme du candidat socialiste.

Hollande a renforcé sa position sur ce point (position qui auparavant avait été plus modérée) lors du débat télévisé du 2 mai. Il l'a fait en ces termes : « Moi président de la République j'introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives, pour les élections, non pas celles de 2012, mais celles de 2017, parce que je pense qu'il est bon que l'ensemble des sensibilités politiques soient représentées.  ».

Voici pourquoi cette proposition est si mauvaise.

La proportionnelle favorise le FN, et plus généralement les extrémistes

Dans la plupart des élections françaises récentes, ni la gauche, ni la droite (sans le Front National) n'a eu la majorité absolue. Cela implique qu'avec la proportionnelle, où chaque parti aura un nombre de députés proportionnel au nombre de ses électeurs, il sera impossible de former un gouvernement soit de gauche, soit de droite sans le FN. Pour former un gouvernement, le plus probablement trois combinaisons seront possibles : soit PS+FN (plus éventuellement d'autres forces de gauche), soit UMP+FN, soit enfin PS+UMP (on appelle souvent ce genre de gouvernement « grande coalition » ou « union nationale »).

La proportionnelle, ce sera donc un renforcement politique gigantesque de Marine Le Pen. Le projet de François Hollande d'instaurer la proportionnelle, c'est selon moi la véritable raison qui explique pourquoi Marine Le Pen veut la victoire du candidat socialiste, et non celle de Nicolas Sarkozy, qui lui est pourtant idéologiquement bien plus proche. Marine Le Pen veut une réforme qui la portera au gouvernement, et François Hollande propose cette réforme.

Et à plus long terme? En se projetant à 10 ou 20 ans dans le futur, en faisant abstraction de la situation politique actuelle, en faisant abstraction de l'existence même du Front National, on obtient toujours le même effet. Il faut alors simplement remplacer « FN » par « des partis extrémistes » (peu importe de quel bord). Car, avec ou sans le FN, c'est une règle à peu près générale et bien connue : aucune grande tendance modérée n'obtient à elle seule la majorité absolue dans un système proportionnel. Partant, aucune grande tendance modérée ne peut gouverner seule. Pour gouverner, un grand parti doit inviter au gouvernement soit son principal ennemi (ce serait alors un gouvernement de type UMP+PS), soit des extrémistes. Cela donne une force énorme aux extrémistes.

La proportionnelle est antidémocratique dans son principe

Pour qu'on puisse dire qu'un pays est gouverné démocratiquement, il faut que la politique à mener soit proposée aux électeurs avant l'élection, puis choisie par eux le jour du vote.

Avec la proportionnelle, le plus souvent aucun parti n'a la majorité. On forme donc un gouvernement de coalition, et la politique à mener est déterminée lorsque ce gouvernement est formé, c'est-à-dire seulement après les élections. Les électeurs ne votent donc pas pour ou contre telle politique précise, ils votent seulement pour ou contre des tendances représentées par divers partis, et c'est seulement après l'élection que les tendances se transforment, hors la vue des électeurs, en une politique gouvernementale.

Par exemple : François Hollande a d'abord proposé de réduire drastiquement le nucléaire français, mais lors du débat précédant le second tour, il a modéré son programme, et dit qu'il fermerait une seule centrale. Certes, on peut ne pas apprécier l'hésitation, mais maintenant la proposition de François Hollande est claire, les électeurs peuvent décider ce qu'ils en pensent. Par exemple un électeur enclin à voter Hollande, mais cependant favorable au nucléaire, dispose des éléments qui lui permettront de faire son choix. Il peut par exemple voter Hollande malgré la fermeture proposée d'une centrale, tandis que si la fermeture de nombreuses centrales était proposée, il se détournerait de son candidat.

Avec la proportionnelle, aucune politique nucléaire précise ne pourrait être proposée clairement avant les élections, notamment par le PS. Car peu importe la position du PS ou de François Hollande : la politique du gouvernement ne pourrait être déterminée, en cas de victoire de la gauche, qu'après négotiations avec les Verts, donc après les élections (et encore, nous nous plaçons ici dans l'hypothèse où la gauche gagnerait ; en pratique, ce serait plutôt une victoire gauche+FN, avec premier ministre Ségolène Royal, et ministre chargée de l'immigration Marine Le Pen). Cette politique serait tributaire de la force des Verts, mais aussi de diverses autres circonstances politiques (notamment : de l'attitude du Modem et d'autres partis, qui peuvent soit vouloir une coalition avec le PS, soit au contraire rejeter une telle coalition, et faire en sorte que le PS soit obligé de gouverner avec les Verts).

Ainsi, avec la proportionnelle le processus par lequel les choix des électeurs se transforme en une politique gouvernementale est tellement complexe, et dépend de tellement de facteurs difficiles à prévoir, que la démocratie fondée sur ce système est bien boiteuse.

Un rappel historique

Dans son histoire récente, la France a utilisé le système proportionnel dans des élections législatives pendant la Quatrième République (avant 1958), puis, une seule fois, lors des élections législatives de 1986.

Sous la Quatrième République, la France est devenue tellement ingouvernable (notamment à cause de la fragmentation de l'Assemblée Nationale en de nombreuses petites tendances), que les deux chambres du Parlement ont fini, sous l'impulsion du général de Gaulle, par adopter une loi constitutionnelle autorisant le Gouvernement à préparer le projet d'une constitution entièrement nouvelle. L'élément sans doute le plus extraordinaire de la procédure résidait dans le fait que la nouvelle constitution devait être rédigée puis adoptée sans la participation du Parlement. La rédaction du projet incombait au Gouvernement, qui avait seul le pouvoir de décider de la teneur du projet, mais était assisté, à titre consultatif, par le Conseil d'Etat et par un autre corps, créé ad hoc, le CCC (Comité Consultatif Constitutionnel). Ensuite, le projet gouvernemental de constitution a été adopté par voie de référendum.

Rappelons-le : cette procédure, extraordinaire voire impensable parce que le Parlement en était exclu, fut autorisée par une loi constitutionnelle adoptée par le Parlement. Voilà comment a fini le Parlement de la Quatrième République, élu à la proportionnelle : ils s'est sabordé.

Souhaitons-nous que l'histoire se répète? Souhaitons-nous que la France ait à nouveau une Assemblée Nationale dont la meilleure décision sera celle de se saborder un jour?

Sous la Cinquième République, c'est-à-dire à partir de 1958, les seules élections législatives conduites à la proportionnelle furent celles de 1986. La proportionnelle venait d'être introduite suite à la victoire de François Mitterrand et de la gauche en 1981.

Cette-fois ci, la proportionnelle n'a pas pu faire grand mal, et ce à cause de la grande impopularité de la gauche en 1986, et de la faiblesse du FN, qui à l'époque n'obtenait que 10% des suffrages. Le RPR et l'UDF, les deux partis de droite modérés, ont su totaliser ensemble 49,5% des sièges a l'Assemblée Nationale. Avec l'aide de quelques non-inscrits, cela leur a permis d'avoir une courte majorité, sans l'aide ni du PS, ni du FN. Cette majorité a pu gouverner d'une façon stable pendant toute la législature, et, surtout, abroger le système proportionnel qui venait d'être introduit.

Avec un FN fort, la situation de 1986 ne se reproduira probablement pas à l'avenir. Durant la législature qui suivra 2017 (c'est en 2017 que se tiendront les premières élections législatives à la proportionnelle, si François Hollande met en oeuvre son programme), il est peu probable que l'UMP (ou toute autre formation modérée de droite) puisse gouverner sans le FN, et disposer d'une majorité suffisante pour abroger le système proportionnel. Ce système perdurera donc, et conduira la France soit à une maladie chronique (faiblesse politique qui pourra durer des années), soit à une maladie aiguë, c'est-à-dire à une crise similaire à celle de 1958.

Comment cela se passe ailleurs

Plusieurs pays ont pratiqué, voire pratiquent encore la proportionnelle. Le cas souvent cité comme étant le pire est l'Italie qui, depuis la seconde guerre mondiale, a connu des crises gouvernementales à répétition, et de nombreux gouvernements de courte durée. L'Italie a abrogé le système proportionnel en 1993.

La proportionnelle conduit dans de nombreux pays à l'un ou l'autre des deux maux dont nous venons de parler : instabilité gouvernementale ou participation de partis extémistes (parfois néonazi) au gouvernement. La Belgique est connue pour ses crises gouvernementales à répétition, qui durent parfois jusqu'à un an. L'Autriche a eu des gouvernements avec ministres néonazi, notamment le tristement célèbre Jörg Haider. L'État d'Israël pratique une politique d'hostilité interéthnique, et on oublie souvent que cette mauvaise politique, qui contribue grandement à empêcher l'instauration de la paix, est rendue inévitable par la présence de partis extémistes juifs au gouvernement.

Plusieurs autres situations où la proportionnelle a conduit à des méfaits évidents sont décrites par Bernard Owen ici (en anglais).

Conclusion

A la fin du débat présidentiel, le 2 mai dernier, Nicolas Sarkozy a demandé aux électeurs de Marine Le Pen de voter pour lui. Sarkozy n'a en revanche rien demandé aux électeurs de gauche. Il a sans doute admis que ces derniers allaient voter Hollande de toute façon.

Je ferais précisément l'inverse. J'admetterais que les électeurs du FN voteront Hollande, et qu'en faisant cela ils agiront logiquement : c'est bien François Hollande qui porte le projet politique qui permettra au Front National de participer d'une façon majeure à la vie politique française.

En revanche, je peux en toute honnêteté appeler les électeurs de gauche à voter Sarkozy (même si cela exige de leur part un niveau considérable d'abnégation). Il me semble en effet que pour une personne ayant des convictions de gauche il est moins insupportable d'avoir Sarkozy au pouvoir pendant 5 ans, que de voter Hollande pour avoir la gauche au pouvoir pendant 5 ans, mais ensuite, à partir de 2017, avoir par période Marine Le Pen comme ministre de l'immigration, et par période pas de gouvernement du tout.


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